Le roi de la rumba congolaise a tiré sa révérence le 30 novembre, à l'âge de 73 ans. Il a marqué toute une génération qui s'est déhanchée sur son répertoire, l'un des plus riches du continent.
C'était d'abord une voix, reconnaissable entre mille. C'était aussi un physique, qui s'était épaissi avec le temps, remarquable par un nez proéminent qui semblait destiné à humer toutes les senteurs du monde et qui ne laissait personne indifférent. Tabu Ley était surtout un géant, le dernier de la chanson congolaise, dont la carrière, commencée avant l'indépendance de l'ancien Congo belge, comporte à ce jour, à n'en pas douter, l'un des répertoires les plus riches que l'on puisse imaginer.
Il chantait l'amour et faisait chavirer les coeurs de ces dames. Il chantait la société. La mort aussi, comme dans Mokolo nakokufa ("le jour où je mourrai", en lingala), qui sera l'un de ses plus grands succès, sorti en 1966. Cette chanson est aussi une réflexion sur la condition humaine. Le trémolo de la guitare électrique, l'authenticité de la voix incitent à la méditation. Le chanteur se demande qui pourra le pleurer le jour où il passera de vie à trépas. Comme il ne le saura jamais, il préfère se pleurer lui-même. Il se demande comment et où il mourra : en ville, dans la brousse, par noyade ou à la suite d'une maladie. Le pauvre, chante-t-il, pensera lui à sa femme, à ses enfants, à la fin de son calvaire. Le riche à toute la fortune qu'il laissera, à ses biens immobiliers et à son parc automobile, aux enfants envoyés étudier en Europe.
Le disciple de Bacchus se souviendra de son verre de bière et de la fin du mois, lorsque, une fois son salaire touché, il peut s'amuser avec ses amis. Quant à la prostituée, elle se souciera de sa perruque et de sa garde-robe, tout en souhaitant longue vie à l'African Fiesta, l'orchestre du chanteur. Dans un autre de ses textes, Mokitani ya Wendo ("l'héritier de Wendo", du nom de l'un des précurseurs de la chanson congolaise), Tabu affirme que sa mort se trouve "entre les mains de Dieu".
English Please...
ReplyDelete